lundi 2 septembre 2013

Balade immobile dans Babylone



C'est la ville
c'est Frankenstein
c'est l'électricité qui explose sur des tissus en ciment
c'est vous
et c'est moi
unis par le hasard
des destins accouplés parce que 
nous sommes chair contiguë ouverte aux aléas

C'est la ville :
il y a des fleurs au balcon
horribles géraniums
qui gouttent à cinq heure du mat
ce supplice chinois, plic ploc : le temps éclate
et la pluie fine hydrate les vies coagulées
pas d'équilibre ici bas, entre-deux éphémères
synthèse du rêve, de la vraie lumière

C'est la ville
l'acier va hurler maintenant
les gens abandonnent leurs draps de foutre
décroisent les jambes
tous ces sons singent la mort
dans un vivant grincement
qui monte si haut
j'ai encore ouvert les yeux trop tôt

C'est la ville
c'est la fortune
port sans océan
et horizon balayé
c'est la ville
sous un saut de lune
nos matières ont dansé
aggloméré de poussières
et c'est la ville
immense broutille
d'entrechocs
pare-choc à pare-choc
chuintement de métal
et scie circulaire
notre nature infernale
possède un désert

C'est la ville
des yeux par milliards
de la sécheresse
des bouches et des mains se touchent

C'est la ville
les nomades figés
regardent à la fenêtre
de vagues ombres apparaître

C'est la ville
le jour et la nuit
feu noir et solide ennui
de monstre stérile.

Brice Haziza




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