C'est
la ville
c'est
Frankenstein
c'est
l'électricité qui explose sur des tissus en ciment
c'est
vous
et
c'est moi
unis
par le hasard
des
destins accouplés parce que
nous
sommes chair contiguë ouverte aux aléas
C'est
la ville :
il
y a des fleurs au balcon
horribles
géraniums
qui
gouttent à cinq heure du mat
ce
supplice chinois, plic ploc : le temps éclate
et
la pluie fine hydrate les vies coagulées
pas
d'équilibre ici bas, entre-deux éphémères
synthèse
du rêve, de la vraie lumière
C'est
la ville
l'acier
va hurler maintenant
les
gens abandonnent leurs draps de foutre
décroisent
les jambes
tous
ces sons singent la mort
dans
un vivant grincement
qui
monte si haut
j'ai
encore ouvert les yeux trop tôt
C'est
la ville
c'est
la fortune
port
sans océan
et
horizon balayé
c'est
la ville
sous
un saut de lune
nos
matières ont dansé
aggloméré
de poussières
et
c'est la ville
immense
broutille
d'entrechocs
pare-choc
à pare-choc
chuintement
de métal
et
scie circulaire
notre
nature infernale
possède
un désert
C'est
la ville
des
yeux par milliards
de
la sécheresse
des
bouches et des mains se touchent
C'est
la ville
les
nomades figés
regardent
à la fenêtre
de
vagues ombres apparaître
C'est
la ville
le
jour et la nuit
feu
noir et solide ennui
de
monstre stérile.
Brice Haziza
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