Mon
jeans caresse mes lèvres à chacun de mes pas. Je mouille. Sa toile
denim rêche et douce se fait doigts, doigts de petite main qui brode
ma boutonnière aux points de suspension. Pas de petite culotte.
J'ai
la tête légère et la fesse ondulante. Je marche, je fume. Je
marche, je jouis. Je marche, je ris et mon cul s'en balance. Les yeux
de la ville l'ignorent, mon Jeans et moi on inonde ses trottoirs de
ma chartreuse verte. Ma langue y perle goutte à goutte l'eau
d'émeraude de ma jouissance secrète et mon rouge à bouche bave sur
les vitrines qui frémissent à mes spasmes muets
Cher
Jeans, tes fils de coton comme une Harlow gloussante liment ma
découture à en réjouir ma pine qui surgit des abysses.. Elle jute
sa traînée de suc à la vanille sur l’asphalte qui luit de ma
cire érotique. Et les passants qui passent passent dans mes cheveux
des regards lubriques. La ville est en émoi, je lui donne la trique.
Elle a troqué ses feux tricolores contre un rouge baiser qui embrase
ses artères et chaque klaxon bourdonne de gémissements aphones qui
grimpent en sourdine jusqu'aux flèches des clochers. Ça emplit ses
avenues d'une coulée de sons où baigne le plaisir. C'est un flot
silencieux de mousse chaude et douce qui déborde sur les places où
des porches enflammés lui ouvrent grand leur bois. La ville s'est
muée en un vaste lupanar où sur de hauts talons noirs je trône
telle une discrète tenancière.
Je
marche, je fume. Je marche, je jouis. Je marche, je ris et mon cul
s'en balance.
Cécile Delalandre
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