mardi 16 juillet 2013

DEVENIR UN FANTÔME



Quand tu prends conscience que les océans sont des flaques. Quand cette idée te frappe, qu'il suffit d'une grosse enjambée pour être à New York ou bien en Australie. Quand tu prends conscience comme c'est facile de tout abandonner. Tu laisses derrière toi ton travail, ta maison, la femme que tu aimes, tes amis, ta famille, tout. Tu laisses derrière toi toute ta vie. Ca c'est pas difficile. Il suffit de remplir un sac avec trois bouquins et des chaussettes propres. Il suffit de partir, d'aller mourir ailleurs au lieu de s'ennuyer ici.
Le bonheur est une domestication, sa quête te transforme en clébard cherchant le plus beau collier, en clébard qui regarde le soleil par la fenêtre en attendant l'heure de la promenade et celle de la bouffe.
Le bonheur est un avilissement. Il dévore ton âme. Il fait de toi l’eunuque du harem.
Pourquoi ne pas renoncer une bonne fois pour toute à la possibilité de construire son bonheur comme on fabriquerait briquette après briquette sa petite maison, et prendre le train avec la même détermination qu'on aurait eu à se jeter dessous. Prendre le train pour ne jamais revenir. Prendre le train pour n'aller nulle part. Bouffer les kilomètres, renoncer au repos, s'arracher à la terre, devenir un fantôme, ne pas être un cadavre.

Christophe Siébert (Collectif Konsstrukt)


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