Quand
tu prends conscience que les océans sont des flaques. Quand cette
idée te frappe, qu'il suffit d'une grosse enjambée pour être à
New York ou bien en Australie. Quand tu prends conscience comme c'est
facile de tout abandonner. Tu laisses derrière toi ton travail, ta
maison, la femme que tu aimes, tes amis, ta famille, tout. Tu laisses
derrière toi toute ta vie. Ca c'est pas difficile. Il suffit de
remplir un sac avec trois bouquins et des chaussettes propres. Il
suffit de partir, d'aller mourir ailleurs au lieu de s'ennuyer ici.
Le
bonheur est une domestication, sa quête te transforme en clébard
cherchant le plus beau collier, en clébard qui regarde le soleil par
la fenêtre en attendant l'heure de la promenade et celle de la
bouffe.
Le
bonheur est un avilissement. Il dévore ton âme. Il fait de toi
l’eunuque du harem.
Pourquoi
ne pas renoncer une bonne fois pour toute à la possibilité de
construire son bonheur comme on fabriquerait briquette après
briquette sa petite maison, et prendre le train avec la même
détermination qu'on aurait eu à se jeter dessous. Prendre le train
pour ne jamais revenir. Prendre le train pour n'aller nulle part.
Bouffer les kilomètres, renoncer au repos, s'arracher à la terre,
devenir un fantôme, ne pas être un cadavre.
Christophe Siébert (Collectif Konsstrukt)
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