jeudi 4 juillet 2013

Etés




Les étés des 70's

Les orages quotidiens de la station de montagne pour asthmatiques, mais aussi sa lumière aveuglante quand ma mère et moi descendions ce sentier parsemés de lupins mauves, les feux d'artifices mouillés du 14 juillet, les commentaires du Tour de France et les nuages roses à la fin août qui me serraient la gorge.


Les étés des 80's

Un t-shirt jaune trop long que je nouais sur le côté, déjà l'ennui d'enfant unique en vacances, puis les séjours en Angleterre, l'odeur âcre que j'adorais de la petite gare de Worthing, les fugues pour aller rouler des pelles à de petits punks de mon âge, son désir qui me paraissait trop soudain mais qui me rendait puissante, allongés sur la plage de galets.


Les étés des 90's

La moiteur de Paris, les soirées de débauches de Belleville aux Abbesses, un premier tatouage, des trajets en taxi à 5h du mat, cliché, mais si beau cliché.
Puis ma première rencontre avec la mort, soudaine et tourbillonnante, on me pousse dans une chambre d'hôpital et le dernier regard noir jais de mon grand père sur moi. Une robe noire achetée précipitamment pour un enterrement sous un soleil de plomb. L'enfance dont on ne sait plus rien.


Eté 2003

L'attente de l'enfant à naître dans la fournaise parisienne, les sensations que l'ont voudrait inoubliables mais si angoissantes de ce ventre trop lourd. Les heures passées sous un ventilateur, les soirées à essayer de gober l'air exsangue à la fenêtre. Puis la douleur de depuis que le monde est monde, et dans les yeux de mon enfant, ses premières minutes de vie, ce regard qui venait de l'éternité, celui de mon grand-père pendant ses dernières minutes de vie. L'enfance dont on sait à nouveau tout.

Blanche Dubois


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