Les
étés des 70's
Les
orages quotidiens de la station de montagne pour asthmatiques, mais
aussi sa lumière aveuglante quand ma mère et moi descendions ce
sentier parsemés de lupins mauves, les feux d'artifices mouillés du
14 juillet, les commentaires du Tour de France et les nuages roses à
la fin août qui me serraient la gorge.
Les
étés des 80's
Un
t-shirt jaune trop long que je nouais sur le côté, déjà l'ennui
d'enfant unique en vacances, puis les séjours en Angleterre, l'odeur
âcre que j'adorais de la petite gare de Worthing, les fugues pour
aller rouler des pelles à de petits punks de mon âge, son désir
qui me paraissait trop soudain mais qui me rendait puissante,
allongés sur la plage de galets.
Les
étés des 90's
La
moiteur de Paris, les soirées de débauches de Belleville aux
Abbesses, un premier tatouage, des trajets en taxi à 5h du mat,
cliché, mais si beau cliché.
Puis
ma première rencontre avec la mort, soudaine et tourbillonnante, on
me pousse dans une chambre d'hôpital et le dernier regard noir jais
de mon grand père sur moi. Une robe noire achetée précipitamment
pour un enterrement sous un soleil de plomb. L'enfance dont on ne
sait plus rien.
Eté
2003
L'attente
de l'enfant à naître dans la fournaise parisienne, les sensations
que l'ont voudrait inoubliables mais si angoissantes de ce ventre
trop lourd. Les heures passées sous un ventilateur, les soirées à
essayer de gober l'air exsangue à la fenêtre. Puis la douleur de
depuis que le monde est monde, et dans les yeux de mon enfant, ses
premières minutes de vie, ce regard qui venait de l'éternité,
celui de mon grand-père pendant ses dernières minutes de vie.
L'enfance dont on sait à nouveau tout.
Blanche Dubois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire