Une
vie de réclusion volontaire, une vie de fuite intérieure, une vie
en ermite, une vie passée à regarder par l’œilleton avant de
décider de ne pas ouvrir la porte, une vie à laisser sonner le
téléphone sans répondre jamais, une vie dominée par la
misanthropie.
Toute une vie construite sur ce constat : je ne veux
pas frayer avec tous ces connards. D'accord pour les observer de
loin, pour en faire le sujet parfois de mes textes, d'accord pour
partager avec eux la planète, mais pas plus. Tous ces gens que vous
acceptez de côtoyer, à qui vous serrez la main, qui vous donnent
parfois des ordres, qui viennent manger chez vous, vous filent des
conseils, vous disent comment faire, tous ces gens que vous ne
supportez pas et qui pourtant font autant partie de votre existence
que votre meilleur ami ou que vos courbatures, tous ces gens qui
grignotent votre âme comme une armée de termites, je ne les veux
pas. Toute une vie sans patron envahissant, sans collègue mesquin,
sans famille pourrie, sans voisin casse-couille, sans ami dont on ne
sait pas comment s'en débarrasser, sans mariage qu'on passe sa vie à
regretter, toute une vie sans autre lien que ceux qu'on a voulus,
toute une vie entourée de l'amour de ceux qu'on a choisis, toute une
vie baignée dans les affinités électives, toute une vie le ventre
au chaud et sur le monde un œil tranquille.
Un vie de chat si on
veut, ou bien d'enfant gâté, une vie d'homme libre, une vie
d'honnête homme, une vie de peureux, une vie sans conflit, une vie
sans courage, une vie sans embuche, une vie sans jouer le jeu, toute
une vie passée à suivre ses propres règles, toute une vie passée
des ciseaux à la main pour couper tous les fils qui doivent être
coupés. Une vie sans éclat, sans complication. Toute une vie passée
sans aucun compromis et planqué, bien planqué dans la pénombre du
monde.
Christophe Siébert (collectif Konsstrukt)
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