Elle
a léché le dos d’un crapaud vénéneux.
Depuis
un mois Tina n’a pas taillé ses griffes, elle les a laissé
pousser. Si elles n’étaient pas si fines, si aiguisées, on se
verrait dedans comme dans un revolver.
Il
s'agit là, maintenant, de trancher dans la doublure pour se
retrouver.
Talon,
plante, talon, plante ; cul, hanches avancent, basculent bâbord,
tribord - la lune qui influence. Elle mouille comme un pirate dans la
tempête. Elle est tellement bonne qu’on en oublie qu’elle est
belle.
Quelques
mètres encore et Tina entrevoit, à la faveur de la lueur orange et
fiévreuse de l’ampoule, la cascadeuse aux toilettes, un short aux
chevilles, culotte aux mollets, agiter l’onde.
Chut...
Œil
pour œil dent pour dent : "lui réifier, lui bousiller la
gueule" qu'elle se dit sensuellement.
La
lame dans la gueule, elle se stationne à quatre pattes sur la
moquette - cherokee à décolleté - et apparaît totalement dans la
lumière de la porte entrouverte. On ne le voit pas mais elle
chevauche un dragon.
Pisser
les yeux fermés ? Quelle idée ? Comme si rien ne pouvait se passer
?
Elle
a le délire dans l’œil. Le regard change. La panthère se
comprime, cambre doucement vers la cascadeuse, rentre ses cuisses
dans ses hanches, le nombril dans l'arc, les seins à peine aplatis,
hisse son cul, le circule comme un indien dit doucement "oui".
Le
couteau en avant elle bondit hors de l'image.
Un
temps : le cosmos est suspendu dans les chiottes.
Tonnerre
de cuivres, la terre tombe sur la tête du ciel.
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