dimanche 23 juin 2013

LES SCHIELIENS DANS LEUR KOLÉ SERÉ



Egon Schiele lâche-t-il ton trait noueux, lui ? Ses corps se recouvrent-ils d'une chair onctueuse ? Ces charognes nues ne nappe-t-elles de crème botticellienne ? Le peintre reste efficace, admirable. Rien de néfaste n'ankylose son punch ou adoucit son angoisse et nos malaises. Il ne déçoit pas. Ses osseux à lui, il les fait s'étreindre sans répit. Egon renonce-t-il à certaine terreur, à certaine lumière ? En aucune manière. Malgré leur décomposition promise, ses viandes épuisées, pubis toujours saillants, vont au bout d'une jouissance qui suffoque et les suffoque. Enlacés, putrides, les schieliens s'offrent, éreintés, défaits, presque anéantis, oui mais toujours provocants. Leur kolé seré emporte tout. Les tons s'effacent à l'exception du cerne noir et du carmin des sexes avides. Rien ne les arrêtera, jamais. Egon, ce n'est pas du porno chic. Ou alors, du porno mais tellement chic.
Voilà une voie digne ! Enfin digne . Montrez m'en d'autres qui aient une telle vision ! Une telle constance et un tel acharnement pour maintenir un sentiment qui ait un sens !
De nos jours, « tout étant dans tout », du moins cette ineptie prétendument libertaire continue-t-elle à faire florès, les gens me mettent à « respecter » à tort et à travers. Total respect ! Voilà bien résumée, par cette tautologie, toute l'inanité de cette décennie. Total respect le Che ! T'as arrêté de fumer ? Total respect ! La Ronde de nuit ou un bretzel de douze kilos, Total respect ...
Ici, c'est différent, le respect s'applique. Même dans les toiles à peine esquissées, pas tapageuses, non, , fines au contraire, d'une délicatesse inouïe, elles vous marquent aux fers.

Egon, un styliste, un lourd et pourtant si léger mais qui vous cogne si durement.


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