Egon
Schiele lâche-t-il ton trait noueux, lui ? Ses corps se
recouvrent-ils d'une chair onctueuse ? Ces charognes nues ne
nappe-t-elles de crème botticellienne ? Le peintre reste efficace,
admirable. Rien de néfaste n'ankylose son punch ou adoucit son
angoisse et nos malaises. Il ne déçoit pas. Ses osseux à lui, il
les fait s'étreindre sans répit. Egon renonce-t-il à certaine
terreur, à certaine lumière ? En aucune manière. Malgré leur
décomposition promise, ses viandes épuisées, pubis toujours
saillants, vont au bout d'une jouissance qui suffoque et les
suffoque. Enlacés, putrides, les schieliens
s'offrent, éreintés, défaits, presque anéantis, oui mais toujours
provocants. Leur kolé seré emporte tout. Les tons s'effacent à
l'exception du cerne noir et du carmin des sexes avides. Rien ne les
arrêtera, jamais. Egon, ce n'est pas du porno chic. Ou alors, du
porno mais tellement
chic.
Voilà
une voie digne ! Enfin digne . Montrez m'en d'autres qui aient une
telle vision ! Une telle constance et un tel acharnement pour
maintenir un sentiment qui ait un sens !
De
nos jours, « tout étant dans tout », du moins cette
ineptie prétendument libertaire continue-t-elle à faire florès,
les gens me mettent à « respecter » à tort et à
travers. Total
respect ! Voilà
bien résumée, par cette tautologie, toute l'inanité de cette
décennie.
Total respect le Che ! T'as arrêté de fumer ? Total respect ! La
Ronde de nuit ou un bretzel de douze kilos, Total respect ...
Ici,
c'est différent, le respect s'applique. Même dans les toiles à
peine esquissées, pas tapageuses, non, , fines au contraire, d'une
délicatesse inouïe, elles vous marquent aux fers.
Egon,
un styliste, un lourd et pourtant si léger mais qui vous cogne si
durement.
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