«
Tenez-ma-glace-faut-que-je-danse! »
Le
chanceux s’en empare, la regarde – sa robe rouge taillée dans le
volcan – rejoindre la piste, écarter haut ses bras, ajuster en
rythme doucement, ses hanches, secouer ses cheveux, les broussaille
un peu… Ah la capiteuse vestale qui fait flamme !
Prodige-de-la-belle-est-bonne à la fois ! Dans le tamisé de la fête
elle entame une bouleversante photosynthèse à l’envers et
spermatique. Il attend sans tenir… Paillettes. Suées.
Démangeaisons. Leur regard se croise enfin… Audace : il lèche
sauvagement la crème glacée. C’est suffisamment subtile pour
qu’elle revienne, toute bourrée, casse gueule, bêtement vers lui.
Ses cheveux éclaboussent d’extravagants confettis ; ses bijoux des
éclats de nuit. Il l’invite à la suivre pas loin, lui rend sa
glace (le cornet est entamé) “elle”, “lui”, une chambre à
l’étage… “oui” avec la tête… il y en a kyrielle… celle
d’«amie », de « la fille », du « fils », de « la bonne » ?
Tina
Aumont va pour celle de la fille. Derrière elle, dans les escaliers,
on cherche où s’achèvent ses cuissardes.
Les
peluches bondissent d’extase quand Tina saute sur lit. Quelques
émotions juvéniles sous l’effet des ressorts et elle s’allonge
tout à fait, se marre, zinzinule, gesticule ; une vraie petite fille
justement. Lui, au pied, n’y croit pas : en tailleur, sur un
tapis-révolant, noyé dans l’abime ténébreuse de sous la robe de
l’actrice, il entreprend, avec des doigts tremblants, les complexes
lacets des cuissardes qu’elle lui tend.
Chemin
de croix ! Nœuds de démente pour sa tête ! Partouze d'Arianes !
Provocation géométrique ! Casse-chinois! Babel-envers ! Op-Art
cruel !
Insupportable
cette lenteur de fan ému ! Tina explose, déchire sa robe rouge,
l’effort est vital, il tabasse furieusement l’air, comme si, dans
l’arène il fallait impérieusement la retirer : un taureau court
vers elle pour la transpercer.
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